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Furtwängler Bach Brandenburgische Konzerte n° 3 BWV 1048 & 5 BWV 1050 WPO

Les enregistrements du concert Bach Beethoven du 31 août 1950 qui clôturait le festival de Salzbourg proviennent de sources privées.

Les deux éditions commerciales disponibles (EMI et Orfeo) des Concertos Brandebourgeois n° 3 et 5 ont fait l’objet d’un traitement numérique qui vise à éliminer les bruits de fond et à atténuer la distorsion. Cependant, ceci conduit à une perte importante de définition et beaucoup de détails de l’interprétation sont inaudibles. De plus, dans le Concerto n°5, le timbre et les phrasés du piano de Furtwängler sont très affectés.

Le label Maestro Editions de Richard Chlupaty (dont nous vous avons déjà présenté la publication du concert d’Edwin Fischer au Festival de Strasbourg 1953) propose une édition en CD (ME 008) de ces deux Concertos à partir des meilleurs documents d’origine accessibles, mais cette fois-ci sans aucun traitement numérique. La plus-value musicale est importante. On peut enfin comprendre comment Furtwängler au piano concevait et exécutait la cadence du Concerto n°5, une grande interprétation.

Dans le Salzburger Volkszeitung du 2 septembre, Alfred Haslinger a souligné que Furtwängler a utilisé dans le Concerto n°3 l’effectif des cordes d’un orchestre wagnérien avec l’effet décoratif de huit contrebasses alignées frontalement derrière les autres cordes, et que Bach en l’année de son bicentenaire, apparaîssait en habit d’apparat dans sa glorieuse monumentalité, et que c’était à peu près la même chose dans le Concerto n°5.

Cette œuvre a été rejouée par Furtwängler lors de la tournée d’octobre du WPO et dans le Journal de Genève du 23 octobre 1950, le critique (et également violoncelliste) Franz Walter s’y est étonné que le Kapellmeister ait fait ‘donner’, et combien généreusement, ses huit contrebasses et que l’œuvre, manifestement conçue pour un orchestre de chambre de caractère intime en soit comme ‘frappée d’ éléphantiasis’.

Il n’est pas étonnant que le son reflète l’importance des effectifs utilisés dans les deux Concertos.

En complément, le CD propose le Concerto n°5 interprété au cours du concert du 21 ou 22 décembre 1940, ici aussi sans traitement numérique.

Vous pouvez commander ce CD à l’aide du lien suivant:

https://www.maestroeditions.com/store/me-008-furtwangler-bach-brandenburg-cti-vpo-live-me-008/

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Wilhelm Furtwängler WPO Salzburg 31 August 1950 – Radio Rot-Weiss-Rot

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The recordings of the Bach Beethoven concert of August 31, 1950 that closed the Salzburg Festival come from private sources.

Both available commercial issues (EMI et Orfeo) of Brandenburg Concertos n° 3 et 5 have been submitted to digital treatments that purport to eliminate background noise and lower the distortion. This however implies an important loss of definition and many details of the interpretation are lost. Moreover, in the Concerto n°5, the timbre and the phrasings of Furtwängler’s piano are very much impaired.

Richard Chlupaty’s label Maestro Editions (from which we have already presented the issue of Edwin Fischer’s concert at the ‘Festival de Strasbourg 1953’) now offers a CD (ME 008) with these two Concertos from the best available original documents, but this time without any sonic processing. Musically, the improvement is important. We may now understand how Furtwängler at the piano conceived and performed the cadenza of Concerto n°5, a great performance.

In the September 2 issue of the ‘Salzburger Volkszeitung’, Alfred Haslinger has underlined that Furtwängler used in Concerto n°3 the number of strings of a Wagnerian orchestra with the decorative effect of eight double-bass players frontally aligned behind the other strings, and that, in the year of his bicentenary, Bach appeared in ceremonial dress in all his glorious monumentality, and that it was almost the same in Concerto n°5.

This work was performed again by Furtwängler during the WPO October Tour and, in the ‘Journal de Genève’ of October 23, 1950, music critic (and also cellist) Franz Walter was stunned that the Kapellmeister had ‘launched’ and very generously his eight double-bass players, and that the work, obviously composed for an intimate chamber orchestra, was as ‘stricken by elephantiasis’.

Small wonder that the sound reflects the use of a very large number of players in both Concertos.

As a bonus, the CD offers the Concerto n°5 as performed on December 21 or 22, 1940, here too without any sonic processing.

To order this CD, please use the following link:

https://www.maestroeditions.com/store/me-008-furtwangler-bach-brandenburg-cti-vpo-live-me-008/

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Furtwängler – Beethoven Symphonie n°9 Op125 Bayreuther Festspiele Bayerischer Rundfunk 29 Juli 1951 – BIS Edition SACD & Téléchargement

Beethoven Symphonie n°9 Op125 Das Festspielorchester – Das Festspielchor Bayreuth

Elisabeth Schwarzkopf, Elisabeth Höngen,Hans Hopf, Otto Edelmann

Dir: Wilhelm Furtwängler

La firme suédoise BIS vient d’éditer en SACD hybride (BIS-9060) et également sous forme de téléchargement HD (24 bits/96 KHz) la captation par la Radio Suédoise de la retransmission en direct de ce concert par la Radiodiffusion Bavaroise (Bayerischer Rundfunk), qui de manière inattendue a été conservée dans ses Archives.

On sait que l’édition discographique par EMI résulte d’un montage provenant, selon Henning Smidth, en grande partie des répétitions et pour partie seulement du concert du 29 juillet. Il devrait s’agir des répétitions du matin et de l’après-midi du concert, car le 27, jour d’arrivée de Furtwängler à Bayreuth et le 28, les premières répétitions ont eu lieu dans une autre salle (voir la photo ci-dessus) à l’acoustique différente et, selon Klaus Lang, avec une disposition de l’orchestre un peu différente de celle du concert pour lequel une disposition classique a été adoptée.

Pour ce premier Festival d’après-guerre, l’orchestre comprenait, en son plein effectif qui n’est certes pas déployé ici, 150 musiciens provenant de 40 orchestres différents de l’Allemagne de l’Ouest (BRD), y compris Berlin, et de l’Allemagne de l’Est (DDR). Pour la Neuvième Symphonie, le chœur comprenait 150 choristes, issus des Opéras allemands, et il était renforcé par 110 choristes originaires de Bayreuth. L’ensemble des musiciens était disposé sur le plateau et sur la fosse d’orchestre, recouverte pour l’occasion. On imagine quel tour de force cela représentait du point de vue de la direction d’orchestre que de monter en si peu de temps une telle exécution avec autant de musiciens provenant de lieux aussi divers jouant pour la première fois ensemble.

I- Les échanges entre Wilhelm Furtwängler et Wieland Wagner:

Wieland Wagner a pu seulement obtenir de Furtwängler qu’il dirige à Bayreuth cette Neuvième Symphonie. Il a de plus refusé d’en diriger une deuxième exécution le 20 août.

Concernant les solistes, Wieland Wagner n’a pas réussi à le convaincre (lettres des 5 février et 24 mars 1951), Anton Dermota souhaité par Furtwängler n’étant pas envisageable, de choisir Wolfgang Windgassen et George London qu’il trouvait meilleurs, à la place de Hans Hopf (qu’il qualifie de « Naturbursche ») et Otto Edelmann qui devaient de plus répéter et chanter juste après dans les Meistersinger. Pour la Neuvième, leur heure viendra plus tard, en 1954 avec Furtwängler pour Windgassen, et en 1963 avec Karl Böhm pour London.

II- La retransmission en direct par la Radiodiffusion Bavaroise:

Le concert a été retransmis en Allemagne par la Bayerischer Rundfunk (Munich) et par la SDR (Stuttgart); en Autriche par la RAVAG (Radio Wien Sender II), le Sendergruppe Alpenland (émetteur de la zone d’occupation britannique) et le Sendergruppe West (émetteur de la zone d’occupation française); en France par la RTF (Chaîne Nationale); et en Suède par la Sveriges Radio (Stockholm, Hörby).

La haute qualité technique de cette transmission est probablement due au fait que la Radio Bavaroise disposait depuis le 18 août 1950 d’un émetteur en Modulation de Fréquence (FM ou UKW). La raison en était qu’après la guerre, les forces d’occupation alliées ont réquisitionné un certain nombre de fréquences en  Modulation d’Amplitude (AM), et dès lors, la seule solution trouvée par les radios allemandes pour compenser cette pénurie de fréquences a été la FM, d’où une paradoxale avance technique. En effet, dans les autres pays, ce n’est que vers 1954-1955 que cette technique s’est imposée. On remarquera cependant que dans certains pays, dont la Suisse, une technique permettant une réception de meilleure qualité que la AM était la télédiffusion. Elle permettait aux abonnés de recevoir la modulation par câble sur leur ligne téléphonique.

III- La réception et la fixation par la Radio Suédoise (Sveriges Radio):

Pour voyager de Bayreuth à Stockholm, la modulation a dû (via Munich) cheminer par des câbles sur une très longue distance, en passant à travers un grand nombre de relais pour ré-amplifier le signal qui s’atténue en fonction de la distance.

La Radio Suédoise disposait depuis longtemps déjà de Magnétophones AEG K4 (R22), mais pour conserver les enregistrements, elle se servait de disques 33t. à gravure directe, une technique américaine qu’elle utilisait déjà pendant la guerre pour échanger avec les Radios américaines. Le concert que Furtwängler a donné à Stockholm le 25 septembre 1950 avec le WPO a encore été conservé avec cette technique.

A la Radio Suédoise pendant la guerre: de gauche à droite: Henrik Hahr et l’ingénieur du son Hans Sjöström

La Radio Suédoise était également équipée d’enregistreurs à bandes métalliques dénommés Blattnerphone ou Marconi-Stille, et selon les informations connues, les disques à gravure directe des concerts donnés par Furtwängler à Stockholm en 1942-43 avaient été réalisés à partir de telles bandes. Cependant, l’analyse des caractéristiques techniques de ce matériel tant du point de vue de la dynamique que de la bande passante en font douter.

En 1951, la Radio Suédoise a commencé à utiliser les magnétophones modernes pour conserver des enregistrements et c’est à cette évolution que l’on devrait cet étonnant document. Qu’en est-il vraiment?

IV- La publication par BIS en SACD et téléchargement HD:

L’ enregistrement publié par BIS comporte la totalité de l’émission y compris les annonces radio et les applaudissements:

Le site HighResAudio permet de consulter le livret en ligne.

Le livret du SACD BIS porte la mention: Original format: analogue mono tape, digitized by Swedish Radio in 24-bit / 96 kHz, mais il ne donne aucune précision. Notons que BIS a eu l’excellent idée de proposer le document tel quel sans aucun traitement, ni filtrage d’aucune sorte.

Cependant, si on entend bien des bruits électroniques caractéristiques d’une transmission longue distance par câble, on entend également des bruits de surface caractéristiques d’une gravure sur un support mécanique. Par conséquent, la bande numérisée par BIS est très probablement une retranscription à partir du support d’origine (disques ou bande Philips-Miller) qui s’avère de toutes façons incomparablement supérieur à celui qui a servi à fixer le concert du 25 septembre 1950*.

La qualité technique du document proposé par BIS est surprenante, que ce soit du point de vue de la définition, notamment l’ambiance de salle, de la dynamique (très importante) que de la bande passante. Une comparaison montre ce document comme étant presque aussi bon que la meilleure publication de la bande de la Bayerischer Rundfunk, à savoir le superbe (et également dépourvu de traitement) SACD WFHC-030 du Wilhelm Furtwängler Center of Japan, et les bruits de fond provenant tant de la transmission que du support s’avèrent étonnamment faibles. Les défauts analogiques introduits par la transmission longue distance préservent l’intégrité de la musicalité du son (il suffit d’écouter la finesse de définition de l’énoncé pianissimo du thème à 3’05 dans le Finale), alors qu’un traitement numérique de réduction de bruit de fond, même modéré, s’il avait été utilisé, aurait détérioré audiblement la musicalité du son. De la part de BIS, une magistrale leçon de musique et de psycho-acoustique!

* On note cependant dans le Finale une nette dégradation de la qualité du son à partir de l’entrée du ténor.

A la fin du concert, Furtwängler sert la main du Dr. Franz Strauss, le fils de Richard Strauss

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Furtwängler – Beethoven Symphony n°9 Op125 Bayreuther Festspiele Bayerischer Rundfunk 29 Juli 1951 – BIS Edition SACD & Download

Beethoven Symphony n°9 Op125 Das Festspielorchester – Das Festspielchor Bayreuth

Elisabeth Schwarzkopf, Elisabeth Höngen,Hans Hopf, Otto Edelmann

Dir: Wilhelm Furtwängler

The Swedish record company BIS has recently issued both as a Hybrid SACD (BIS-9060) and as a Hi-Res download (24 bits/96 KHz) the recording made by the Swedish Radio of the Bavarian radio (Bayerischer Rundfunk) live broadcast of this concert, which has unexpetedly survived in its Archives.

It is known that the EMI issue is an edited version which, according to Henning Smidth, is comprised mostly of rehearsals and only partly of the July 29 concert. Said rehearsals are most probably those held on the morning and on the afternoon of the concert, because on July 27, the day Furtwängler arrived at Bayreuth, and on the 28, the first rehearsals took place in another acoustically different hall (see the picture above) and, according to Klaus Lang, with a somewhat different orchestral setup than the classical one for the concert.

For this first postwar Festival, the orchestra was comprised of a total number of 150 musicians, of course not all of them playing here, coming from 40 different orchestras from West Germany (BRD), including Berlin, and East Germany (DDR). For the Ninth Symphony, the choir was comprised of 150 choristers from the German Operas, augmented by 110 choristers coming from Bayreuth. All these musicians were assembled on the stage and on the covered orchestral pit. One easily imagines what tour de force it meant from the point of view of conducting technique to built up in such a short time this performance with such a huge number of performers coming from so many places and who had never played together.

I- The letters between Wilhelm Furtwängler and Wieland Wagner:

Wieland Wagner could only obtain from Furtwängler to conduct in Bayreuth this Ninth Symphony. He also refused to conduct a second performance on August 20.

As to the soloists, Wieland Wagner did not succeed in convincing him (letters of February 5 and March 24, 1951), while Anton Dermota who was Furtwängler’s choice was not vailable, to choose Wolfgang Windgassen and George London he thought would be better, instead of Hans Hopf (whom he called « Naturbursche ») and Otto Edelmann who moreover had to rehearse and sing soon after in Meistersinger. For the Ninth, their day was to come later, in 1954 with Furtwängler for Windgassen, and in 1963 with Karl Böhm for London.

II- The live broadcast by the Bavarian Radio:

The concert was broadcast in Germany by the Bayerischer Rundfunk (Munich) and by the SDR (Stuttgart); in Austria by RAVAG (Radio Wien Sender II), Sendergruppe Alpenland (broadcasting stations of the British occupation zone) and Sendergruppe West (broadcasting stations of the French occupation zone); in France by RTF (Chaîne Nationale); and in Sweden by Sveriges Radio (Stockholm, Hörby).

The high technical quality of this transmission is probably due to the fact that the Bavarian Radio had since August 18, 1950 a Frequency Modulation (FM or UKW) broadcasting station. The reason was that, after the war, the Allied occupation forces had requisitioned a certain number of Amplitude Modulation (AM) frequencies, and thus, the only solution found by the German Radios tto overcome the shortage of frequencies was FM, hence a paradoxical technical advance. Indeed, in other countries, it was not before 1954-1955 that this technique was implemented. In other countries, like Switzerland, there already existed a technique allowing a better quality than AM, namely telediffusion. It allowed to subscribers to receive the broadcast signal by cable on their telephone line.

III- The reception and recording by the Swedish Radio (Sveriges Radio):

To travel from Bayreuth to Stockholm, the broadcast signal had to travel (via Munich) through cables over a very long distance, and to go through a great number of relay stations to re-amplify the signal to compensate for the attenuation of the signal along the cable.

The Swedish Radio had since long AEG Magnetophones K4 (R22), but to keep the recordings, it rather used 33rpm direct cuttting discs, a US technique it already used during the war to exchange with the US Radios. The concert Furtwängler gave in Stockholm on September, 25 1950 with the WPO was still archived using this technique.

Swedish Radio during the war. From left to right: Henrik Hahr and recording engineer Hans Sjöström

The Swedish Radio also had steel tape recorders called Blattnerphone or Marconi-Stille, and the known information was that the direct cutting discs of the Furtwängler Stockholm concerts given in 1942-43 had been transferred from such tapes. However, the analysis of the technical data of this equipment both from the point of view of dynamics and bandpass makes this idea moot.

In 1951, the Swedish Radio started using modern tape recorders to keep recordings and it is to this evolution that this astonishing document is supposed to be due. Is it really true?

IV- The publication by BIS as SACD or Hi-Res download:

This recording as published by BIS is comprised of the complete broadcast including the announcements and applause:

The site HighResAudio allows to read the booklet online:

The BIS booklet bears the mention: Original format: analogue mono tape, digitized by Swedish Radio in 24-bit / 96 kHz, without any other information. Note however that BIS had the excellent idea of proposing the document « as is », namely without any treatment or filtering whatsoever.

However, if electronic noise characteristic of a long distance transmission is heard, surface noise characteristic of the cutting of a mechanical surface is also present. As a consequence the tapes digitized by BIS are most probably a transfer from an original support (discs or Philips-Miller tape) which anyway is vastly superior to the one that was used soon before for the said concert of September 25, 1950*.

The technical quality of the document proposed by BIS is surprising, from the point of view of definition, especially hall ambiance, dynamics (quite huge) as well as bandpass. A  comparison shows this document as being almost as good as the best issue of the tape from the Bayerischer Rundfunk, namely the superb (and also unprocessed) SACD WFHC-030 (Wilhelm Furtwängler Center of Japan), and the background noise from transmission and from the support have an astonishing low level. The analog defects from the long distance transmission preserve the integrity of the musicality of the sound (hear the subtelty of the pianissimo playing of the theme at 3’05 into the Finale), whereas an even moderate digital noise reduction treatment, had it been applied, would have damaged the musicality of the sound. From BIS, a masterful lesson of music as well as of psycho-acoustics!

* There is however in the Finale an important loss of sound quality after the tenor entry.

At  the end of the concert, Furtwängler shakes hands with Dr. Franz Strauss, son of Richard Strauss

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Furtwängler – Retour sur l’Édition SACD d’EMI Japan (2011)

English Version Please Click HERE

La firme Warner a fait procéder en 2020-2021 à une re-numérisation (24bits/192KHz) des disques et des bandes des enregistrements de Furtwängler réalisés pour des firmes de disque depuis 1926, ce y compris Polydor, Telefunken, DGG et Decca, sans utiliser de fichiers provenant de numérisations antérieures.

En 2011, EMI avait, avec son équipe des studios d’Abbey Road, procédé à une telle numérisation (24bits/96KHz) en vue d’une édition EMI de référence sous forme de SACD publiés au Japon. Certains fichiers HD ont également été un certain temps accessibles au public en téléchargement. En dix ans, temps qui sépare les deux projets, la technique a très peu évolué, et la différence entre les deux formats n’implique qu’une différence de qualité que l’on pourrait qualifier de marginale, mais par contre, les bandes de Furtwängler ont été enregistrées entre 1949 et 1954, et dix ans de plus, cela compte.

A l’époque, EMI avait publié ceci:

Comme c’est maintenant le cas pour le coffret Warner, une vidéo avait été mise en ligne, dans laquelle Simon Gibson expliquait sobrement les étapes de la production qui reprennent le schéma ci-dessus. Pour la revoir, cliquer ICI

De la comparaison entre les deux processus réalisés à dix ans d’intervalle, on peut tirer les remarques suivantes:

I- Les programmes de publication ne sont pas les mêmes dans les deux cas, l’Édition SACD s’étant intéressée également à des enregistrements d’origine radiophonique déjà publiés par EMI (Symphonies de Brahms et de Bruckner etc…), et ayant omis un certain nombre d’enregistrements EMI d’œuvres enregistrées plus d’une fois (Beethoven Symphonies n°3 & 4, Brahms n°1 etc…).

II- La procédure de recherche des disques et des bandes « master » et la comparaison des différentes sources est essentiellement la même dans les deux cas. Toutefois, en 2020-2021, la recherche a été plus poussée et a permis de trouver d’autres bandes et des prises inédites réalisées lors de séances d’enregistrement.

III- Le temps semble avoir fait son œuvre. Alors qu’en 2011, S. Gibson faisait état de bandes « en général en bon état », en 2020-2021, on parle d’un certain nombre d’allers et retours fiévreux avec les Archives de Hayes (Middlesex) pour trouver des bandes exploitables. N’aurait-il pas été plus simple d’utiliser certaines des « copies numériques droites » réalisées en 2011, qui après tout avaient également été réalisées dans un but d’archivage?

IV- Pour la Symphonie n°7 de Beethoven (WPO-1950), l’Édition de 2011 a utilisé pour la première fois les bandes « master » comportant les prises sélectionnées mises bout à bout, mais non montées, de préférence aux bandes « master » ayant servi pour graver les 33t. et un montage numérique entre ces différentes prises s’était avéré nécessaire (voir la vidéo entre 14′ et 17′). L’affirmation de Warner a être le premier à ne plus utiliser les anciennes bandes « master » ayant servi pour les 33t. est donc infondée. L’édition de 2021 est repartie des prises originelles qui ont été retrouvées dans les Archives. Que sont donc devenues les excellentes bandes « master » utilisées en 2011? A moins qu’il s’agisse plus ou moins des mêmes.

V- Simon Gibson mentionne (vidéo à partir de 11’30 ») qu’au début des enregistrements de Furtwängler sur bandes magnétiques (à partir d’août 1949 en ce qui le concerne), les prises entre les derniers mois de 1949 (donc à Lucerne) et le début de 1950 (donc à Vienne) étaient faites par sections de 4′ environ correspondant à la durée d’une face 78t., mais en raison du caractère encore expérimental de l’utilisation de la bande, la gravure de matrices 78t. était également réalisée simultanément in situ. En d’autres termes, il fallait transporter les deux équipements sur place. Ce n’est qu’ensuite que le magnétophone a été utilisé à lui seul. Les informations du coffret Warner ne sont pas conformes à ce schéma. On notera que pour l’Édition SACD, certaines prises expérimentales sur bande faites à Vienne en 1950 ont ainsi été utilisées pour la première fois.

VI- Pour reporter des faces de 78 tours à partir des matrices métalliques d’origine, la pratique a longtemps été de procéder à des pressages vinyles, beaucoup plus silencieux que la gomme laque utilisée pour presser les disques commerciaux, et ensuite de les lire. En 2011, la technique employée, qui donnait des résultats incomparablement supérieurs, était de lire directement les matrices métalliques avec des pointes de lectures spéciales.

VII- Une dernière précision. S’il s’avère que, pour la Septième de Beethoven, EMI est bien parti en 2011 de la bande master, cela a été également le cas à la même époque pour la Quatrième de Schumann (DGG-Japon)* et dans les deux cas le son des SACD s’avère excellent.

Cet article permet de rendre un juste hommage à l’équipe d’Abbey Road qui a fait un énorme travail de pionnier concernant le legs discographique de Furtwängler, en regrettant profondément qu’elle ait été démantelée.

    * Cliquer ICI (Paragraphe III)

 

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Au sujet du coffret « The Complete Wilhelm Furtwängler on Record »

English Translation:  click HERE

Ce coffret de 55 CD dont la composition est donnée ici: Composition du Coffret   propose la totalité des enregistrements commerciaux de Wilhelm Furtwängler, y compris les enregistrements, notamment publics qui n’avaient pas été publiés à l’époque, et les prises alternatives existantes des enregistrements commerciaux.

Warner a malencontreusement dissout l’équipe londonienne qui opérait dans les studios d’Abbey Road, et fait maintenant appel à Art et Son. Dans le cas particulier de Furtwängler, la grande majorité des enregistrements d’origine EMI a été numérisée en 24 bits/96 KHz par l’équipe d’Abbey Road, il y a maintenant dix ans, en vue d’une édition en SACD au Japon, qui fait figure de référence. On peut dès lors s’étonner d’une part que l’on procède de nouveau, en 2021, à cette numérisation, avec le risque de la dégradation éventuelle des bandes qui ont été enregistrées entre 1949 et 1954, et d’autre part, que l’on n’ait pas fait appel pour ce faire à Paul Baily, un ancien d’Abbey Road, qui connaît très bien le « son Furtwängler », comme le montrent amplement ses reports réalisés pour le label Testament.

On peut enfin se réjouir du retour au catalogue (CD14 et CD16) de l’ « Eroïca » de Beethoven et de la Symphonie n°1 de Brahms (WPO-1947), et surtout (CD22) de la Symphonie n°4 de Beethoven (WPO-1950), qui quoique très supérieure au « remake » de 1952, était introuvable depuis des dizaines d’années. 

On notera que les premiers enregistrements sur bande ont été effectués à Lucerne en août 1949 (CD21):

29-31.VIII.1949, Kunsthaus, Lucerne New remastering 2021 from original tapes

I- Les nouveautés au catalogue Warner:

1- En plus des enregistrements Polydor déjà présents dans le récent coffret DGG (2019), on trouve la Danse Slave n°3 De Dvorák (CD3) et deux extraits de répétition (CD2: Mendelssohn Ouv. Hébrides et surtout Strauss Till Eulenspiegel), trois enregistrements déjà publiés en 2004 par la Société Wilhelm Furtwängler (coffret 3CD SWF 042/4), ainsi que l’Ouverture du Freischütz de Weber enregistrée en 1926.

2- La 9ème de Beethoven (CD5) donnée le 1er mai 1937 au Queen’s Hall de Londres (BPO; The London Philharmonic Choir). Cet enregistrement avait déjà été publié en CD au Japon par EMI-Toshiba (TOCE-6057) et surtout le Wilhelm Furtwängler Center of Japan (WFCC-0301).

3- Des enregistrements de Covent Garden 1937 (CD 6 à 8: Walküre Acte III et extraits de Götterdämmerung). Ils ont déjà été publiés sous divers labels (Immortal Performances, Music and Arts, Myto).

4- Quatre faces de prises alternatives de la Symphonie n°2 de Brahms, enregistrée à Londres par Decca avec le LPO en 1948 (CD17). Elles ont déjà fait l’objet d’une parution par le Wilhelm Furtwängler Center of Japan.(CD WFFC1801-HYM), à ceci près que les prises retenues pour la version « en continu » ne sont pas les mêmes. Les prises supplémentaires pour le coffret Warner sont de ce fait 12080-1;12082-1;12083-1 et 12086-1, alors que ce sont 12080-2, 12082-3; 12083-2; 12086-2 pour le CD du WF Center of Japan.

5- Les CD 41 à 43 sont consacrés à la Matthäus-Passion de Bach, suivant un nouveau un montage à partir des concerts des 14 et 17 avril 1954:

live: 14 & 17.IV.1954, Grosser Saal, Konzerthaus, Wien New editing and new remastering 2021  

On connaît une précédente publication avec un autre montage (EMI a sauf erreur enregistré les quatre concerts), et l’omission de certains airs de basse à la demande du chanteur (EMI Classics Références 2 CD 7243 5 65509). La totalité du concert du 15 mai 1954 tel que diffusé par Rot-Weiss-Rot avec une prise de son moins proche que celle d’EMI a été publiée dans un Coffret Orfeo (C834 118Y).

L’utilisation mentionnée du dernier concert (17 avril à 15h) peut sembler étonnante au vu du fait qu’au moment du concert de la veille, le 16 avril à 19h30, il a été annoncé qu’Anton Dermota, qui assurait la partie de l’Évangéliste et toute la partie de ténor, avait décidé de chanter en dépit d’une grosse bronchite (« schwere Erkältung ») pour ne pas compromettre le concert, et qu’il est hautement probable que, le 17, son état vocal ait été problématique.

Insert dans le programme du 16 avril 1954

6- Enfin, le CD54 est dédié à des inédits enregistrés en studio en 1950 (voir aussi la plage 9 du CD24), ce à quoi s’ajoute un enregistrement radiophonique, l’ « Inachevée » de Schubert en concert à Copenhague le 1er octobre 1950.

II- Le cas des Variations Haydn de Brahms enregistrées à Vienne les 18 et 23 décembre 1943:

Il existe ici pas moins de 8 faces 78 tours de prises alternatives, dont l’intérêt est capital, car d’une prise à l’autre, il y a des nuances de phrasé et de tempo qui attestent d’un travail perpétuel sur l’orchestre comme l’écrit justement Olivier Verrey. Dans cette édition Warner qui se voulait exhaustive notamment en ce qui concerne les prises alternatives, l’oubli de ces documents (à moins que la liste des plages donnée par l’éditeur soit erronée) est inexplicable.

Elles ont fait l’objet de deux éditions en microsillon dues respectivement aux Sociétés W. Furtwängler française et japonaise.(SWF 7602 et JPL-1196), avec les indications de W. Furtwängler et deux textes, l’un  d’Élisabeth Furtwängler et l’autre d’Olivier Verrey. La Face 1 propose les 6 prises retenues et la Face 2, les 8 prises alternatives, dont 4 pour les variations V et VI.

III- Le cas de la 4ème de Schumann (CD 36):

Contrairement aux éditions précédentes, une seule date est mentionnée pour cet enregistrement:

14.V.1953, Jesus Christus Kirche, Berlin-Dahlem

On connaît le récit selon lequel Furtwängler, insatisfait des prises morcelées a exigé de jouer une dernière fois l’œuvre dans sa totalité et sans interruption, faute de quoi, il abandonnerait l’enregistrement. De ce point de vue, une seule date, le 14 est donc plausible.

Mais la documentation nous raconte une autre histoire. En effet, il y a eu, avec les 104 musiciens du BPO, trois séances d’enregistrement, les 12, 13 et 14 mai, ce qui soit dit en passant fait beaucoup pour une œuvre durant tout juste une demi-heure:

Mais, on voit aussi, écrit en bleu de la main de la productrice Elsa Schiller, la mention d’une séance supplémentaire d’une heure, le 19 mai entre 12 et 13 heures pour des raccords (« Korrektüren »).

Cependant, le document définitif signé le 18 juin par Elsa Schiller n’indique pas si les montages de la prise globale du 14 mai proviennent seulement de la séance du 19 mai, ou bien aussi des autres dates, les 12 et 13 mai:

Ces documents étaient joints aux bandes originales 76 cm/s qui ont été utilisées pour l’édition en 2011 au Japon sous forme de SHM-CD UCCG-9787 et de SACD UCGG-9020.

IV- Le cas du Prélude de Lohengrin (Acte I) à Lucerne:

Il existe deux enregistrements de ce Prélude effectués à Lucerne. Le premier a été réalisé le 30 août 1947 au Kunsthaus et a été publié en 1998 par Testament (CD SBT 1141) à  partir des matrices 2ZA 42-43. Il est étonnant qu’il ne fasse pas partie des enregistrements publiés dans ce coffret.

Le second, qui est par contre inclus dans le coffret Warner a été effectué le 29 août 1949 au Kunsthaus  (matrices 2ZA 61/62) et il a été publié en 1978 par la Société Wilhelm Furtwängler (microsillon SWF 7801).

Espérons que le texte du livret joint au coffret apportera des réponses à certaines des questions posées ici.